Avez-vous déjà ressenti un agacement à la lecture d’un email comprenant certaines expressions ? Un agacement pas tant sur le fond que sur la forme. Si oui, vous avez probablement été la cible d’une expression passive-agressive qui procure toujours un sentiment désagréable.
La communication passive-agressive est monnaie courante et nous l’employons fréquemment, sans nous en rendre compte, dans notre quotidien personnel et professionnel.
Comment identifier et contourner la communication passive-agressive au travail ?
Une formule passive-agressive, kézako ? Il s’agit de mots qui – camouflés derrière une tournure polie ou cordiale – envoie un message caché. Les expressions passives-agressives sont identifiables car elles provoquent instantanément une émotion désagréable : à leur lecture, vous ressentez de la colère, de la rage, de l’injustice… De quoi mettre le feu aux poudres si vous répondez à l’email sous le coup de votre émotion. Ou de quoi ruminer toute la journée le message de votre collègue que vous n’arrivez pas à digérer.
Comment éviter de reproduire des formulations passives-agressives lorsque vous communiquez avec vos collègues ?
Voici cinq expressions de communication passive-agressive qui plombent l’ambiance au travail et des suggestions de reformulation pour tendre vers la communication non violente :
- Merci de…
“Merci de me rappeler. Merci de m’envoyer le rapport. Merci d’être à l’heure à la réunion. Merci de me tenir informé.”
Pourquoi ça agace ?
La forme est pourtant polie grâce au “merci” mais elle dissimule un ordre : dans les faits, vous ne demandez pas son avis à votre interlocuteur, vous l’obligez à procéder.
Et vous lui indiquez que vous doutez de lui : vous n’êtes pas certain qu’il arrivera à l’heure ou qu’il vous enverra le rapport. Vous suggérez qu’il n’est pas une personne fiable.
Comment reformuler ?
Pourriez-vous me rappeler ? Je vous remercie. Pourriez-vous m’envoyer le rapport ? Je vous remercie. Etc.
- Bon courage !
“Bon courage pour ce dossier ! Bon courage pour ton entretien d’évaluation annuelle ! Bon courage avec ce client !”
Pourquoi ça agace ?
La forme est faussement encourageante. Sous un ton empathique, elle suggère que la situation va être très pénible et que cela va être laborieux pour votre interlocuteur. Elle dit indirectement : “ça va être bien galère !” Au lieu de tirer vers le haut, elle enfonce la personne sournoisement.
Comment reformuler ?
On essaie d’être positif. “Je te souhaite un bon entretien. Je te souhaite une rencontre apaisée avec ton client (si on sait que la relation est difficile). Etc.”
- Je te rassure, moi aussi…
“Je te rassure, moi aussi j’ai raté ma présentation du dossier. Je te rassure, c’est compliqué pour tout le monde avec ce prestataire. Je te rassure, tu n’es pas la seule personne à avoir envie de démissionner.”
Pourquoi ça agace ?
Parce que cette formule ne renforce pas l’assurance de votre interlocuteur. Au contraire, vous risquez fort de l’insécuriser et de le décourager. Elle envoie le message que la vie est dure et qu’il est normal que tout le monde souffre.
Elle fonde également une généralité sur un problème spécifique. Enfin, elle déplace sa situation vers la vôtre : “moi aussi, j’ai vécu cela” alors que votre collègue n’a pas forcément envie d’entendre la litanie de tous vos problèmes.
Comment reformuler ?
Essayez des formules empathiques, sincères et centrées sur des observations factuelles : “Est-ce que tu te sens déçu d’avoir raté ta présentation ? Quelles ressources te permettraient d’améliorer ton quotidien au travail ? Etc.”
- Vous allez y arriver, comme toujours.
Pourquoi ça agace ?
Parce que sous couvert d’accorder une totale confiance à votre interlocuteur quant à son succès, vous niez le stress et l’inquiétude qu’il peut ressentir. Vous minimisez ses sources d’interrogation. Vous fermez la discussion sur les éventuels obstacles qu’il perçoit : il n’a pas la possibilité de vous les exprimer.
Comment reformuler ?
En développant un réelle écoute empathique : “Quelles sont les zones d’ombre que tu identifies sur ce dossier ? De quoi aurais-tu besoin pour te sentir serein ? Y a-t-il d’autres dossiers en cours qui te demandent d’établir des priorités ? Manques-tu de ressources ou de moyens ? Etc.”
- Sauf erreur de ma part…
Pourquoi ça agace ?
Parce qu’en laissant penser que vous êtes prêt à accepter d’avoir commis une erreur, vous sous-entendez qu’il est peu probable que ce soit le cas. La formule peut apparaître comme hypocrite. Elle suggère que vous avez vérifié de votre côté et que donc l’erreur vient forcément de l’autre.
Comment reformuler ?
En posant des questions plus ouvertes : “J’ai bien vérifié mais je ne trouve pas le dossier Machin. Pourrais-tu vérifier que tu me l’as bien envoyé et m’indiquer à quelle date ? Cela me permettra de revérifier dans ma boîte mail.”
Une clé pour éviter le mal être au travail
La reformulation des expressions passives-agressives adoucira vos relations avec vos collègues et évitera le mal être au travail. Vous en identifierez d’autres au fur et à mesure en prenant conscience de l’impact de vos mots et en faisant l’expérience des émotions que cela crée chez vous lorsque vous recevez un message qui vous hérisse le poil dans sa forme.
Dernière astuce : évitez les abréviations dans vos mails professionnels. Par exemple : Cdlt pour Cordialement, Dsl pour Désolé, Bjr pour Bonjour… Ce peut être perçu comme un manque de professionnalisme ou de respect. Le destinataire peut être surpris de votre familiarité ou avoir l’impression que vous ne prenez même pas le temps de lui écrire un vrai message.
Néanmoins, tout est une question de contexte ! Selon la personnalité de votre interlocuteur ou votre degré de connaissance avec lui, les mêmes formulations peuvent être bien ou moins bien accueillies.
Vous seul êtes juge des mots que vous employez et de l’impact qu’ils créent. C’est ça aussi le leadership !