Si l’intelligence émotionnelle est un sujet qui intéresse de plus en plus le monde du travail, toutes les entreprises n’accueillent pas les émotions de leurs équipes de la même façon. En fonction de leur style de leadership et de management, mais également en fonction de leur secteur d’activité, les entreprises ont leur propre culture émotionnelle.
Savez-vous quelle est celle de l’entreprise pour laquelle vous travaillez ?
Et si vous avez votre propre entreprise, vous êtes-vous déjà posé la question ?
Les émotions font l’objet de constructions sociales
Depuis votre petite enfance, vous apprenez à utiliser les émotions aux moments appropriés.
Par exemple, on vous a appris que lors de fêtes, de célébrations amicales ou encore de rassemblements familiaux, vous devez être heureux. Si ce jour-là, vous êtes d’une humeur maussade – pour quelque raison que ce soit – vous êtes un trouble-fête. Pourtant, je suis certaine que vous avez déjà vécu des moments festifs sans grande joie et que vous vous êtes – un peu ou beaucoup – forcé.e à sourire.
Autre exemple, si vous allez à un enterrement, il est attendu de vous que vous soyez triste. Cependant, il arrive aussi que les enterrements soient des moments où l’on peut ressentir de la joie de retrouver certains proches que l’on a pas vu depuis des années. Même dans les occasions tristes, des émotions agréables peuvent surgir, mais il est bon ton de ne pas en faire étalage.
Les émotions font l’objet d’apprentissages tels que les conventions sociales vous demandent de les appliquer.
S’il en ait ainsi dans la vie personnelle, il en est de même dans la vie professionnelle : l’entreprise a ses propres codes et attend certains comportements émotionnels de ses employés.
C’est quoi la culture émotionnelle d’une entreprise ?
Lorsque l’on parle de culture d’entreprise, on fait référence à ses valeurs mais également aux attentes envers ses équipes dans la conduite des projets, dans l’exécution des services proposés, dans le lien avec la clientèle, etc.
La culture d’entreprise sert de boussole aux employés. Ils savent s’ils évoluent plutôt dans une culture de performance, dans une culture “client roi” ou encore dans une culture d’innovation, par exemple.
La culture d’entreprise peut se matérialiser concrètement (même si elle ne l’est pas toujours, elle peut se traduire de manière tangible) : dans l’énoncé des valeurs, dans les indicateurs de performance, dans les évaluations annuelles, etc.
La culturelle émotionnelle, elle, est moins palpable, les émotions ne jouissant pas d’une réputation favorable au sein des entreprises. Vous avez déjà probablement entendu ou compris que : exprimer ses émotions au bureau, ce n’est pas professionnel. Les émotions seraient à réserver à la sphère du privé et de l’intime et toute personne serait en mesure de se couper en deux à l’arrivée au bureau, les émotions restant à la maison. Au travail, sont souvent opposées la rationalité et les émotions.
Pourtant, les émotions sont nombreuses tout au long de la journée de travail, n’est-ce pas ? Une réunion d’équipe houleuse qui génère de la frustration. Un client insatisfait qui provoque de la déception. Une présentation ratée qui entraîne un sentiment de honte. Ou encore, un dossier à succès qui suscite de la fierté. Une promotion qui engendre de la joie. Une journée au travail est riche en émotions, petites ou grandes !
Et puis certains métiers répondent à des codes sociaux émotionnels. Les équipes des métiers de la santé ou du soin doivent être chaleureuses et empathiques. Celles du domaine de l’assurance ou de la comptabilité sérieuses et mesurées.
En fonction de votre niveau dans la hiérarchie, l’entreprise peut avoir des attentes envers vos émotions : un.e leader ne doit pas faire place à ses émotions car cela la décrédibiliserait.
Comment comprendre la culture émotionnelle de son entreprise ?
En observant l’accueil réservé aux émotions dans votre entreprise, que constatez-vous ? Replongez-vous concrètement dans des situations où les émotions étaient palpables.
Votre entreprise a-t-elle mise en place :
- une culture émotionnelle fermée : les émotions sont mal vues. Les personnes qui les exprimeraient se feraient rembarrer et créeraient de la gêne autour d’elles.
- une culture émotionnelle du Youpi ! : seules les émotions agréables sont acceptées. Vous pouvez partager tous vos succès, recevoir des félicitations, montrer votre joie, votre enthousiasme, votre excitation pour les projets. Mais si vous montrez une émotion de tristesse, de déception, de frustration, vous êtes un rabat-joie et votre parole est rapidement mise à l’écart et censurée.
- une culture d’intelligence émotionnelle : une entreprise qui offre une place pour toutes les émotions parce qu’elle a compris que les émotions sont aussi sources de créativité et d’innovation et envoient des message sur la façon dont l’entreprise peut prendre soin des besoins de ses employés pour qu’ils s’épanouissent professionnellement. Le top quoi !
Alors maintenant, arrivez-vous à décrypter les normes émotionnelles de votre entreprise ?