Je ne sais pas dire non. Je n’ose pas dire non. Je me prépare à dire non, puis au jour J, je dis oui. Je n’ose pas m’affirmer. J’évite toutes les situations sur lesquelles il faudrait que je me positionne. Je fais l’autruche. Je délègue cette responsabilité aux autres. Etc.
Vous reconnaissez-vous dans l’une des ces phrases ? Un peu, beaucoup ? Vous êtes nombreux.ses à me partager régulièrement vos enjeux autour du fait de DIRE NON !
Pourtant savoir dire non est une posture de leadership solide. Le non permet d’équilibrer le oui qui sort plus spontanément. Le non permet de conduire votre vie professionnelle avec assertivité, c’est-à-dire avec une capacité à exprimer votre opinion tout en écoutant et respectant celles des autres et à garder votre cap. Rien de plus fatiguant qu’un.e manager qui retourne sa veste tous les quatre matins !
Alors pourquoi est-ce si compliqué de dire non ?
Je vous propose quelques pistes de réflexion pour vous aider à conquérir votre pouvoir de dire non.
L’introspection au service du non
Explorer sa relation au NON
Dans votre histoire personnelle et au cours de vos expériences personnelles, quelle place le NON a-t-il occupé ?
Une participante à une formation partageait le fait que dans sa famille, dire non était considéré comme de l’impolitesse : il fallait toujours dire oui et faire plaisir aux autres avec de penser à soi.
Une autre personne témoignait du fait que – las d’entendre son manager dire régulièrement non et balayer d’un revers de main les propositions des collègues – il avait pris pour habitude de dire oui à tout, comme pour compenser.
Une autre encore réalisait qu’elle savait dire non à ses collègues, mais pas à ses boss. La position hiérarchique de son interlocuteur l’empêche de s’affirmer. Elle a peur de rentrer en conflit, de se faire réprimander, voire de rater une promotion parce qu’elle a osé prendre position.
Toutes ces craintes sont à démêler et à vérifier : sont-elles réellement fondées ou est-ce un scénario hypothétique que vous jouez dans votre tête ?
Ressentir l’émotion générée par un NON
Que ressentez-vous lorsque vous vous imaginez dire non à une situation ou à une personne en particulier ?
De la tristesse ? De la colère ? De l’appréhension ? De la honte ? De la culpabilité ?
J’ai l’impression que je rejette mon collègue. J’ai peur qu’elle ne m’aime plus. Je vais la vexer. Je vais créer un conflit avec l’équipe. Cela va créer une fracture dans notre relation. Je vais perdre le lien de confiance avec mes collaborateurs.
Voici ce qui ressort le plus souvent de nos échanges lors des formations de L’école du leadership. En faisant appel à votre intelligence émotionnelle, vous allez être en mesure de mieux comprendre quels sont les enjeux pour vous autour du non. Et en tant que leader, vous serez en mesure de faire appel à votre courage pour ne pas vous laisser berner par vos émotions.
Différencier le besoin de la stratégie
Ce point est extrêmement important lorsque l’on cherche à affirmer son non. Lorsque vous dites non à une personne (ou que vous dites oui), vous répondez à votre besoin qui n’est peut-être pas celui de votre collègue.
Si vous souhaitez prendre soin de la relation avec votre collègues, comprenez que vous ne lui dites pas non à lui et à son besoin, mais à sa stratégie pour le satisfaire. Par exemple, votre collègue vous demande de l’accompagner à un événement de networking alors que vous n’en avez ni l’envie ni le temps. Vous pouvez lui dire non pour cette soirée tout en l’interrogeant sur le pourquoi plus profond de cette invitation : a-t-il besoin de soutien face à ce client ? A-t-il besoin de créer un lien de confiance avec vous ? A-t-il besoin de coopération dans l’équipe ? Dans ce cas, comment pourriez-vous contribuer à ce besoin dans un cadre qui vous convient à tous les deux.
Démêler le besoin de la stratégie permet une prise de hauteur pour que l’autre comprenne que votre non n’est pas contre lui.
Les bénéfices managériaux du non
Dire non, c’est dire oui
Dire non à un collègue qui systématiquement vous demande de l’aide de dernière minute au moment où vous allez partir du bureau, c’est dire oui à vous-même. En formulant un non, vous prenez soin de votre besoin de repos et d’anticipation. Vous pouvez lui exprimer le fait que vous l’aiderez volontiers la prochaine fois s’il vous en fait la demande dans un temps que vous jugez raisonnable.
Dire non, ce n’est pas claquer la porte à la figure de votre collègue. C’est simplement lui envoyer un message clair sur ce qui est acceptable pour vous.
Dire non, c’est poser un cadre
Poser ses limites, c’est structurant pour le fonctionnement de l’entreprise.
Non, mon bureau n’est pas un moulin. Vous pouvez venir me voir tous les jours de telle heure à telle heure.
Non, je ne prends pas de pause avec vous maintenant. Je souhaite avancer sur mon dossier. En revanche, je serai ravi.e de vous rejoindre pour le déjeuner.
Dire non, c’est accepter les émotions de votre collègue
Se positionner peut déplaire à votre interlocuteur. Dire non à un.e collègue, c’est endosser votre responsabilité de leader : accepter que le non provoque des émotions chez l’autre. Vous pouvez montrer de l’empathie tout en restant ferme sur votre position. Plus vous travaillerez votre assertivité, plus votre collègue comprendra que vous ne lui dites pas non à lui personnellement mais à la situation.
Dire non, c’est gagner en crédibilité
Un.e collègue qui dit oui à tout le monde n’est pas toujours une personne respectée. En voulant plaire à l’ensemble, vous pourriez être estampillée comme une personne malléable et influençable.
Dire non, c’est renforcer sa posture de leadership !